FORMATION

Né à Saint-Etienne, il entre à l’École Nationale du Centre dramatique de Saint-Étienne (direction des études : Prosper Diss) et travaille avec Pierre Debauche, Guy Rétoré, Stuart Seide, Philippe Adrien, Agathe Alexis, Jean-Christophe Barbaud, Pierre Barrat, Daniel Benoin, Michel Dezoteux, Mario Gonzalès, Patrick Guinand, Hervé Loichemol, Sophie Loucachevsky, Pierre Pradinas…
Durant ses années de formation de comédien, il rencontre Jean Dasté. Lors de conversations avec le fondateur du CDN à propos du théâtre populaire, du public et de la décentralisation théâtrale, s’impose alors comme une nécessité de créer, à la sortie de l’école, avec un collectif, une compagnie théâtrale implantée sur ce même territoire. Ce sera la Compagnie Anonyme. La première création se fait dans une commune de la banlieue stéphanoise (la Ricamarie) en lien avec un collège dans lequel cette jeune compagnie propose des interventions artistiques corrélées à la création.

PREMIÈRES MISES EN SCÈNE

Puis, ses compagnons de jeu l’engagent à devenir le metteur en scène de la Compagnie Anonyme. Laurent Darcueil, directeur du théâtre de la Renaissance à Oullins, lui permet de présenter sa première mise en scène dans l’agglomération lyonnaise. Dès lors, la compagnie, toujours basée dans la Loire, sera en résidence au théâtre de la Renaissance à Oullins. Les projets du metteur en scène abordent des textes du répertoire classique français et européen (Ramon del Valle-Inclán, Eugène Labiche, Mikhaïl Boulgakov, Bertolt Brecht, Witold Gombrowicz, Cyril Tourneur, Henrik Ibsen), des écritures contemporaines (Pauline Sales, Lioubomir Simovic, Peter Handke), des adaptations de romans (Franz Kafka, Maupassant), des correspondances (Sénèque, Anaïs Nin, Luis Buñuel), des textes philosophiques (Gilles Deleuze), des textes poétiques (Maurice Maeterlinck, Jean Genet, Antonin Artaud), politiques (Antonio Gramsci) et scientifiques (Oliver Sacks).
En 2001, il présente un Don Juan de Ödon Von Hörvath au Théâtre du peuple de Bussang, et pendant cette résidence estivale, le Ministère de la Culture lui propose de réfléchir à un projet de direction d’un CDN. Ayant conscience des enjeux que cela représente, il préfère différer cette opportunité afin d’affermir son travail artistique et de connaître d’autres expériences en tant qu’artiste associé. Alain Ollivier qui dirige le TGP de Saint-Denis l’invite alors à présenter son travail à plusieurs reprises dans ce CDN. A partir de 2003 son travail est très régulièrement vu en région parisienne et les tournées de la Compagnie Anonyme se développent (Colmar, Poitiers, Besançon, Nancy, Lyon, Marseille, Angers, Privas, Annecy, Chambéry, Caen…).

FORMATION INTERNATIONALE DE MISE EN SCÈNE ET RÉSIDENCE

En 2003, il entre au CNSAD de Paris dans la section de mise en scène et poursuit sa formation au cours de différents stages, auprès de Robert Wilson aux Etats-Unis, d’Alain Françon à Paris, de Kristian Lupa à Cracovie, de Peter Stein à Lyon, de Lukas Hemleb et de Patrice Chéreau à Aix en Provence. Il fait, avec ce dernier, un stage d’observation de mise en scène d’opéra sur une production du Festival International d’Art lyrique. C’est après cette rencontre décisive, qu’il met en scène pour la première fois à l’Opéra national de Lyon. Depuis, il voyage avec bonheur d’un art à l’autre dans un dialogue permanent entre théâtre et musique.
De 2004 à 2007, il est artiste associé au Théâtre de la Manufacture – CDN Nancy Lorraine, ce qui lui permet de saisir depuis l’intérieur les enjeux artistiques, humains et économiques de la direction d’un Centre dramatique national.

DIRECTION D’UN CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL

En septembre 2009, Richard Brunel est nommé à la direction de La Comédie de Valence et prend ses fonctions en janvier 2010 avec un désir de partage de l’outil. Il affirme la présence artistique au moyen d’un Collectif d’artistes composé à parité de femmes et d’hommes. Ce Collectif est une cellule de réflexion et de conception garante de la pluralité esthétique du projet artistique et du dialogue avec le public. Il fait appel à Christophe Floderer à la direction déléguée pour l’accompagner dans la mise en œuvre de ce projet. Durant ses trois mandats de directeur (2010 à 2019), Richard Brunel présentera 17 créations en partageant de manière significative les moyens de productions avec le Collectif. 87 créations témoignent de son intense activité. Celui-ci est permis par un fort rayonnement national et international, prenant appui sur un modèle de production solidaire et soutenable.
Son premier mandat s’ouvre avec une création à Valence de Patrice Chéreau, La Nuit juste avant les forêts de Koltès. Patrice Chéreau confie la production du spectacle à La Comédie. En 2011, Richard Brunel ouvre un cycle sur Justice/Injustice, et crée son premier spectacle à Valence avec une pièce de Ferdinand Bruckner, Les Criminels, portée par une troupe de 15 comédiens. Le spectacle est salué par Le Syndicat de la critique qui lui décerne le Prix Georges-Lerminier.

COLLECTIF ARTISTIQUE ET ARTISTES INTERNATIONAUX

Parmi ses priorités à la direction, il y a d’une part l’accompagnement d’artistes de la région Auvergne-Rhône-Alpes : Eric Massé, Angélique Clairand, Caroline Guiela NGuyen, Joris Mathieu, Lise Maussion, Damien Mongin, Emilie Valantin, et d’autre part, la volonté de faire découvrir au public valentinois des artistes qui ne sont jamais venus à La Comédie : Claude Régy, Ariane Mnouchkine, Roméo Castellucci, Nicolas Stemann, Pipo Delbono, Dada Masilo, Christoph Marthaler, Krystian Lupa, Angelica Lidell, Timofei Kouliabine, le Groupe Berlin, souvent présentés à Valence en première française ou exclusivité régionale. Richard Brunel a par ailleurs la préoccupation de déployer un service public de l’art pour tout.es les habitant.es de tous les territoires du CDN. Cette programmation de référence nationale et internationale est donc étroitement articulée à un large programme de transmission et de pratique artistique : Comédie itinérante, créations partagées, Controverses (commandes d’écriture pour le jeune public) et la création du Festival Ambivalence(s) qui invite les spectateurs à explorer simultanément les écritures contemporaines et la ville.

ÉCRITURES CONTEMPORAINES

Il crée avec le Collectif artistique Le Silence du Walhalla présenté au TNP-Villeurbanne, La Dispute de Marivaux avec les élèves de L’ENSATT en itinérance et met en scène Avant que j’oublie de et avec Vanessa Van Durme qui est désignée meilleure comédienne par le Syndicat de la critique. Puis en 2015, il dirige Norah Krief dans Les Sonnets de Shakespeare et Sandrine Bonnaire dans L’Odeur des planches de Samira Sedira. En 2015-16, en Russie, il crée Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès pour le répertoire de la troupe du théâtre académique Pouchkine de Pskov puis cette même pièce en France dans une autre mise en scène avec une troupe de 13 comédiens, à Valence, au TGP de Saint-Denis et en tournée. En 2017, au théâtre, en complicité avec l’actrice et réalisatrice Emmanuelle Bercot, il crée Dîner en ville de Christine Angot qui se joue notamment à la Colline – Théâtre national. Puis, il rencontre Julie Otsuka à New York qui, pour la première fois, accorde les droits d’adaptation et de mise en scène de Certaines n’avaient jamais vu la mer, lauréat de nombreux prix dont le Femina étranger. Après sa création au Festival Ambivalence(s), le spectacle est présenté au Cloître des Carmes lors de la 72ème édition du Festival d’Avignon et salué par la critique.

OPÉRA, THÉÂTRE LYRIQUE

À l’opéra, c’est, à Lyon qu’il fait ses premiers pas en 2006 avec Der jasager et Neinsager de Kurt Weill dirigé par Jérémie Rhorer, puis il est invité au Festival d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence en 2008 à mettre en scène à l’académie une œuvre de Haydn, Infedelta delusa, et pour l’ouverture de la 64ème édition il met en scène Les noces de Figaro de Mozart. Il est invité également à l’Opéra Comique en 2009 avec Albert Herring de Benjamin Britten dirigé par Laurence Equibey et en 2012 avec Re Orso, une création originale de Marco Stroppa et de l’ensemble Intercontemporain dirigé par Susanna Malkki. À Lyon, il crée In the penal colony, une création d’après Kafka avec Philip Glass, puis à La Comédie de Valence et à l’Opéra de Lyon, der Kaiser von Atlantis de Viktor Ullmann. Il se produit au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles avec une œuvre d’Hector Berlioz d’après Shakespeare, puis présente une version semi-stage de Lakmé de Léo Delibes à Rouen et une mise en scène créé à l’opéra de Lille de l’Elixir d’amour de Gaetano Donizetti et en tournée dans cinq opéras français. En 2015, il met en scène au Stadttheater de Klagenfurt, Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc. Puis en 2016, Le Trouvère de Verdi à l’Opéra de Lille, au Grand Théâtre du Luxembourg et au théâtre de Caen. En 2017, il poursuit son exploration de Verdi avec Traviata au Stadttheater de Klagenfurt, puis en 2018 crée pour la première fois en France Le Cercle de Craie de Zemlinsky à l’Opéra de Lyon.

DIRECTION D’UN OPÉRA NATIONAL

En octobre 2019, Richard Brunel est nommé à la direction générale et artistique de l’Opéra National de Lyon et prend ses fonctions en septembre 2021 avec un désir de poursuivre l’aventure d’une des scènes lyriques les plus inventives d’Europe. Il veut ouvrir l’opéra au plus grand nombre, partager les grandes fictions d’hier et les récits d’aujourd’hui et ouvrir un nouveau chapitre : Invention de formes et d’expressions nouvelles, audacieuses et innovantes, formats hybrides entre théâtre, musique et cirque contemporain et confier des réalisations à des cheffes, metteuses en scène, chorégraphes, compositrices talentueuses et inviter la jeune génération. Dans l’intervalle il met en scène Rigoletto à l’Opéra National de Lorraine (2021) qui sera présenté en 2022 à l’Opéra de Rouen et en 2023 à l’Opéra de Toulon.

Directeur de l’Opéra de Lyon, il met en scène la création de Thierry Escaich et Atiq Rahimi Shirine (mai 2022) et une adaptation de Mélisande d’après Maeterlinck et Debussy au théâtre des Bouffes du Nord avec Judith Chemla dans le rôle-titre et Florent Hubert à la direction musicale (mars 2023).

En décembre 2022, a lieu la création posthume de On purge bébé ! de Philippe Boesmans à La Monnaie dont il signe le livret d’après la pièce de Feydeau et la mise en scène. Ce spectacle remporte le Prix Claude-Rostand du Syndicat professionnel de la Critique qui récompense la meilleure création lyrique co-produite en régions et en Europe.

A l’automne 23, il revient pour la troisième fois au Théâtre National de l’Opéra Comique et met en scène La fille de madame Angot de Charles Lecoq. Au printemps 2024, à Lyon, il poursuit son exploration de la création contemporaine et met en scène Otages, du compositeur Sebastian Rivas d’après le roman de Nina Bouraoui, et met en scène pour la première fois une œuvre de Leoš Janáček, L’Affaire Makropoulos. En coproduction avec le Royal Swedish Opera il présentera Wozzeck d’Alban Berg avec dans le rôle titre Stéphane Degout à Lyon et Peter Matei à Stockholm.